è Le projet Fillon et ses conséquences

è Etablissez et communiquez au syndicat les revendications de votre école !

è Signez massivement la pétition !

 

LE PROJET DE LOI FILLON,

REMISE EN CAUSE DE NOS DROITS ET GARANTIES DE FONCTIONNAIRES D’ETAT

DEMANTELEMENT DE L’ENSEIGNEMENT PUBLIC

 

Le ministre de l’Education nationale a rendu public son projet de loi d’orientation pour l’avenir de l’école.

Ce projet (élaboré sur la base du rapport Thélot et qui fait suite à la loi de décentralisation du 13 août 2004) comporte 11 articles qui, pour l’essentiel, sont des amendements à la loi du 10 juillet de 1989,   dite loi Jospin.

L’article 3 précise qu’un rapport définissant « les orientations de la politique nationale » est annexé à la loi.

Ce rapport qui est soumis à l’approbation du Parlement « présente de manière synthétique la politique que le gouvernement entend conduire au cours des prochaines années » (exposé des motifs).

C’est sur la base de ces orientations que seraient rédigés les nouveaux décrets, arrêtés et circulaires qui redéfinissant nos droits et nos devoirs.

 

Le projet de la « Communauté éducative »  contre l’Education nationale et ses programmes nationaux d’enseignement

 

Le projet de loi précise : « Dans chaque école et établissement d’enseignement scolaire public, le projet d’école ou d’établissement est élaboré avec les représentants de la communauté éducative. Il définit les objectifs de l’école ou de l’établissement et précise les moyens mis en œuvre pour assurer la réussite de tous les élèves et pour associer les parents à cette fin. Il détermine également les modalités d’évaluation des résultats atteints au regard des objectifs ».

La loi Jospin du 10 juillet 1989 a rendu obligatoire le projet d’école ou d’établissement, ce que FO  avait dénoncé comme un pas essentiel dans la voie de « l’autonomie de chaque établissement scolaire » permettant ainsi le désengagement de l’Etat et la remise en cause du principe républicain de l’égalité devant le service public.

Mais, jusqu’à présent, le projet d’établissement se situait encore dans le cadre des programmes scolaires nationaux  sous la seule responsabilité des IA et IEN.

Cet ajout au titre préliminaire de l’actuel Code de l’Education, modifie la situation sur le fond : ce n’est plus l’Education nationale qui définit « les objectifs »  et « les modalités d’évaluation des résultats » mais « la communauté éducative 

 

L’enseignant bouc émissaire

 

Le projet de loi supprime le Conseil national des programmes et créé d’un Haut Conseil de l’Education placé sous l’égide du pouvoir politique.

A l’élaboration par des personnalités qualifiées de programmes scolaires nationaux par année et par discipline on substitue un comité de surveillance chargée de « dresser un bilan public des résultats obtenus » dans l’objectif « de permettre à chaque citoyen, à chaque parent d’élève de demander des comptes à son école » (exposé des motifs du projet de loi).

Dans un contexte où il organise les réductions budgétaires et la dégradation des conditions d’enseignement, l’Etat ne serait responsable de rien, l’enseignant deviendrait responsable de tout.

Les difficultés des élèves seraient désormais entièrement imputées par avance aux enseignants qui deviendraient des boucs émissaires.

 

Le rapport annexé précise que, de toute façon, c’est l’élève qui « construit son parcours » et que c’est « la communauté éducative » qui l’évalue.

En résumé, l’enseignant n’enseignerait plus sur la base des programmes scolaires nationaux, mais suivrait « le parcours éducatif construit par chaque élève » sur la base du projet de la communauté éducative qui lui demandera des comptes.

 

Un règlement intérieur contre nos droits et garanties statutaires et

 

Le projet de loi stipule que « dans chaque école et établissement d’enseignement scolaire public, le règlement intérieur précise les droits et les devoirs de chacun des membres de la communauté éducative. »

 

Jusqu’à présent, les droits et obligations des fonctionnaires d’Etat que nous sommes sont définis par la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 relative au statut général de la Fonction publique et par les décrets, arrêtés et circulaires propres aux statuts des corps auxquels nous appartenons (instituteur ou PE).

Actuellement, aucun règlement intérieur ne peut définir les obligations professionnelles d’un enseignant. Elles relèvent strictement de la seule Education nationale.

De la même façon, nos obligations de service sont définies par des textes réglementaires : 26 heures d’enseignement hebdomadaires devant les élèves et 36 heures annualisées pour les conférences / animations pédagogiques, la concertation et les conseils d’école.

Si la loi était adoptée, le règlement intérieur pourrait parfaitement envisager de modifier ces obligations de service en fonction des intérêts de tel ou tel groupe qui détiendrait une majorité au sein de la communauté éducative.

Ce sont tous nos droits qui seraient encadrés par la « communauté éducative » :

-         traitements et promotions individualisés selon le mérite de chacun (mérite qui serait évalué par la communauté)

-         droit syndical différent d’une communauté à l’autre

-         attribution des postes décidée par la communauté…et, à terme, l’embauche et le licenciement ?

Rappelons enfin que la liberté pédagogique est un droit fondamental de l’enseignant. Que deviendra-t-elle passée à la moulinette du règlement intérieur ?

 

La liberté pédagogique assujettie au projet d’établissement

 

Le ministre se dit fermement attaché à cette liberté.

Mais, l’ article du projet de loi qui lui est  consacré stipule :

« La liberté pédagogique de l’enseignant s’exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre de l’éducation nationale et dans le cadre du projet d’école ou d’établissement. »

Cet article modifie fondamentalement l’un des principes essentiels de la fonction publique : l’indépendance du fonctionnaire.

 Actuellement, pour les enseignants, cette indépendance se traduit par la reconnaissance de leur liberté pédagogique individuelle qui s’exerce dans le cadre de l’application, dans leurs classes, des programmes scolaires nationaux.

Dans le projet de loi, la liberté pédagogique devient l’obligation d’obéir au projet d’établissement défini par la « communauté éducative ».

Émancipée des programmes scolaires nationaux, chaque « communauté éducative » se voit investie du pouvoir de décider ce que nous devons enseigner dans nos classes et comment.

Cet article est totalement inacceptable. Il préfigure ce que pourrait être l’application de l’article 86 de la loi de décentralisation du 13 août 2004 relatif à la mise en place des établissements publics d’enseignement primaire : la communauté éducative élaborerait le projet de l’établissement, sa mise en œuvre constituant une obligation pour les enseignants et serait consignée comme telle dans le règlement intérieur.

 

Nous serions placés sous la tutelle de cette « Communauté éducative ». De fait, nous ne serions plus des fonctionnaires d’Etat.

 

Qu’adviendra-t-il de la protection des enseignants ?

 

Parmi les droits et les devoirs de chacun des membres de la communauté éducative, l’article relatif au règlement intérieur précise qu’ il y a « la garantie de protection contre toute agression physique ou morale et le devoir qui en découle pour chacun de n’user d’aucune violence, sous quelque forme que ce soit ; ».

 

En ajoutant la formule générale sur « le devoir de chacun de n’exercer aucune violence, sous quelque forme que ce soit », le projet ouvre la voie à tous les arbitraires contre les enseignants.

Au moment où se multiplient les mises en cause d’enseignants accusés de violence morale voire de maltraitance parce qu’ils font preuve d’autorité et qu’ils entendent  faire respecter les règles de vie collective, le projet de loi laisse augurer un redoublement de ce genre de pressions.

C’est contradictoire à l’article 11 de la loi du 13 juillet 1983 qui garantit aux fonctionnaires « à l’occasion de leurs fonctions, une protection organisée par la collectivité publique …contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes… »

 

Le devoir de protection des enseignants dans l’exercice de leurs fonctions deviendrait logiquement le droit de condamner par avance tous les enseignants victimes conséquences de cette politique de démantèlement de l’Education nationale.

Si nous n’arrivons pas à contenir un élève très agité, voire violent, nous serons réglementairement, voire juridiquement responsables.

 

Le « contrat individuel de réussite éducative »

contre  l’enseignement spécialisé

 

Le projet de loi stipule que « A tout moment de la scolarité obligatoire, lorsqu’il apparaît qu’un élève risque de ne pas maîtriser les connaissances et les compétences indispensables à la fin d’un cycle, le directeur d’école (…) propose à la famille de mettre en place un contrat individuel de réussite éducative. »

 

Jusqu’à présent nous avions obligation de signaler les élèves en difficulté auprès des commissions d’éducation spéciale et/ou du RASED. Le projet transfère à chaque maître dans sa classe la responsabilité de faire face à toutes les situations, handicaps et difficultés permanentes ou passagères.

Le « contrat individuel de réussite éducative » c’est l’arme fatale pour faire disparaître ce qui reste de l’enseignement spécialisé. Le nouveau PE sera à la fois enseignant, rééducateur, maître E, psychologue scolaire et, s’il intègre dans sa classe des enfants sourds, mal voyants, handicapés moteurs, autistes, atteints de troubles graves du comportement, il sera aussi maître A, B, C ou D.

Quant aux RASED leur mission serait recentrée : plus de prise en charge des élèves en difficulté. Ils seront transformés en « plate-forme » technique chargée de « conseiller » les enseignants.

En ajoutant « le refus de toute forme de discrimination » à la loi antérieure qui  précisait « de nationalité », le projet entend rendre obligatoire et automatique l’intégration dans l’école du quartier de tous les enfants quels que soient la nature et le degré de leur handicap.

On retrouve l’objectif du projet de loi sur les handicapés visant à faire disparaître établissements et structures spécialisés pour la scolarité des jeunes handicapés ayant besoin de soins adaptés et d’un enseignement spécialisé.

Il est difficile de ne pas voir les considérables économies budgétaires que cette politique permet à l’Etat de réaliser sur le dos des enfants handicapés et/ou en difficulté. (1)

 

Le droit à la formation continue sur le temps de travail

remis en cause

 

L’article du projet de loi précise : « Lorsqu’elle correspond à un projet personnel concourrant, en accord avec le recteur, à l’amélioration des enseignements, la formation continue des enseignants s’accomplit prioritairement en dehors des obligations de service d’enseignement et peut donner lieu à une indemnisation complémentaire dans des conditions fixées par un décret en Conseil d’Etat. »

Jusqu’à présent nous avons le droit de bénéficier, sur l’ensemble de notre carrière, de 36 semaines de formation continue sur le temps de travail.

Si le projet de loi était adopté, ce droit disparaîtrait. Les stages de perfectionnement professionnel individuels auraient lieu en dehors du temps de travail. Seuls subsisteraient sur le temps de travail des stages obligatoires « d’accompagnement de la politique ministérielle… ».

Quant au droit au congé de formation professionnelle, il serait supprimé et remplacé par « un crédit de formation de 20 heures » annuelles « en priorité hors temps de travail. »

 

***************

 

Ce projet de loi aborde bien d’autres aspects concernant l’enseignement secondaire, les examens, la formation initiale des enseignants, les remplacements dans le second degré…

Toutes ces propositions procèdent de la même logique : morceler l’école publique en une multitude d’établissements autonomes, remettre en cause notre statut de fonctionnaires d’Etat, ne remplacer qu’un départ d’enseignant à la retraite sur deux.

Elles sont complétées par la loi de cohésion sociale. L’article 54 place les établissements scolaires en zones sensibles, ZEP, REP sous le pilotage d’un EPLCE organisant les activités dites de « réussite éducative » pendant et hors du temps scolaire .

 

Pour le SNUDI FO, ce projet est inacceptable

 

·        Nous sommes des fonctionnaires d’Etat et nous voulons le rester.

·        Nous ne voulons pas être mis sous la tutelle de la « communauté éducative ».

·        Nous avons des droits et des garanties d’indépendance professionnelle et pédagogique et nous voulons les garder.

·        L’Education doit rester nationale.

·        Non à l’expérimentation des EPEP et des réseaux d’écoles.

·        Maintien de l’école publique communale

 

Ce projet a donc été rendu public et va être discuté alors même que les opérations relatives à la préparation de la rentrée 2005 vont commencer dans tous les départements.

 

Les conditions de cette rentrée sont données par la loi de finances que le Parlement vient d’adopter.

600 postes (1) pour accueillir 51.000 nouveaux élèves : Un poste pour 85 élèves supplémentaires !

 

Nous connaissons tous les conséquences concrètes de ces restrictions budgétaires sur nos conditions de travail et sur les conditions d’études de nos élèves.

 

Aussi, le SNUDI FO vous invite à vous réunir dans les écoles, au niveau des communes et des cantons pour établir vos revendications et les besoins de l’école.

 

Nous les opposerons au projet de loi de démantèlement qui nous est proposé.

 

(1) 1.000 postes sont créés au budget 2005. Mais, 300 d’entre-eux sont réservés pour l’intégration des instituteurs de Mayotte dans la Fonction publique et une centaine devrait, selon le ministère, être utilisée pour achever le plan d’attribution d’une journée de décharge aux écoles de 5 classes.

 

Signez massivement la pétition suivante

A renvoyer à : SNUDI – FO, 13, rue de l’Académie, 13001, Marseille.

 

Pétition au ministre de l’Education Nationale :

 

L’école publique doit rester communale, laïque et républicaine.

Non à l’éclatement de l’Education nationale.

 

Les enseignants soussignés :

 

- rejettent la loi de décentralisation et son article 86 ;

 

- demandent le retrait du projet de loi d’orientation

 

- refusent la création et toute « expérimentation » d’Etablissements Publics d’Enseignement Primaire (EPEP) et la mise en réseaux des écoles,

 

- refusent de devenir les employés des conseils d’administration d’Etablissements Public de l’Enseignement Primaire et veulent rester fonctionnaires d’Etat,

 

- exigent la création de tous les postes nécessaires au bon fonctionnement de l’école publique.

 

 

Nom, prénom

 

Ecole, commune

 

Qualité

 

Signature