La Loi Fillon,

remet en cause nos droits et garanties

de fonctionnaires d’Etat,

 démantèle l’enseignement public !

 

Dès le début, FORCE OUVRIERE a dénoncé la logique du projet de Monsieur Fillon qui s’inscrivait dans la continuité de la loi d’orientation du 10 juillet 1989 (loi Jospin).

Cette loi rejetée par la majorité des enseignants et des lycéens a été imposée par la procédure d'urgence au parlement.

Elle porte en germe la   remise en cause de notre statut et de l’école publique laïque.

Au regard de l’importance de ce qui est en jeu, FORCE OUVRIERE a décidé de vous informer sur les dispositions que contient la loi et sur ses conséquences.

 

FORCE OUVRIERE entend agir concrètement pour faire aboutir les revendications qu’elle entend opposer aux mesures contenues dans la loi.

 

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Le projet de la « communauté éducative contre l’Education nationale »

 

Article 34

« Dans chaque école et établissement d'enseignement scolaire public, un projet d'école ou d'établissement est élaboré avec les représentants de la communauté éducative. Le projet est adopté, pour une durée comprise entre trois et cinq ans, par le conseil d'école ou le conseil d'administration, sur proposition de l'équipe pédagogique de l'école ou du conseil pédagogique de l'établissement pour ce qui concerne sa partie pédagogique. »

 

« Le projet d'école ou d'établissement définit les modalités particulières de mise en œuvre des objectifs et des programmes nationaux et précise les activités scolaires et périscolaires qui y concourent. Il précise les voies et moyens qui sont mis en œuvre pour assurer la réussite de tous les élèves et pour associer les parents à cette fin. Il détermine également les modalités d'évaluation des résultats atteints. »

 

« Sous réserve de l'autorisation préalable des autorités académiques, le projet d'école ou d'établissement peut prévoir la réalisation d'expérimentations, pour une durée maximum de cinq ans, portant sur l'enseignement des disciplines, l'interdisciplinarité, l'organisation pédagogique de la classe, de l'école ou de l'établissement, la coopération avec les partenaires du système éducatif, les échanges ou le jumelage avec des établissements étrangers d'enseignement scolaire. »

 

 En 1989. le projet d’école rendu obligatoire par la loi Jospin était un pas essentiel dans  « l’autonomie de chaque établissement scolaire », permettant, sous un couvert pseudo pédagogique, le désengagement de l’Etat et la remise en cause du principe républicain d'égalité devant le service public.

 A l'époque, FO avait condamné cette disposition.

 

Avec la loi Fillon, un pas supplémentaire est franchi puisque dorénavant, c’est la « communauté éducative » composée « des élèves, des personnels, des parents d'élèves, des collectivités territoriales, des acteurs institutionnels, économiques et sociaux ... » et non plus l’Education Nationale qui fixe les objectifs et les modalités d’évaluation des résultats dans le cadre d’un « contrat d'objectifs » pluriannuel passé entre l’académie et les établissements, les moyens étant attribués en fonction de sa réalisation.

 

Quant aux « modalités particulières de mise en œuvre des  objectifs nationaux », toute latitude est laissée à la « communauté éducative » puisqu’il s’agit de permettre «  l’acquisition par chaque élève d’un socle commun constitué d’un ensemble de connaissances et de compétences qu’il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité (…) » (Article 9)

 

 Le socle commun liquide les programmes nationaux par discipline auxquels il se substitue.

 

Le règlement intérieur de chaque école contre nos droits et garanties statutaires

 

Article 34

« Dans chaque école et établissement d'enseignement scolaire public, le règlement intérieur précise les conditions dans lesquelles est assuré le respect des droits et des devoirs de chacun des membres de la communauté éducative. »

 

Jusqu’à présent, les droits des fonctionnaires d’Etat que nous sommes sont définis par la loi n° 83-634 relative au statut général de la Fonction publique et par les décrets, arrêtés et circulaires propres aux statuts particuliers des corps auxquels les fonctionnaires appartiennent.

Actuellement, aucun règlement intérieur ne peut remettre en question les droits et garanties d’un enseignant.

De la même façon, nos obligations de service sont définies par des textes réglementaires : 26 heures d’enseignement hebdomadaire devant les élèves et 36 heures annualisées pour les conférences / animations pédagogiques, la concertation et les conseils d’école.

Avec la loi, le règlement intérieur pourrait parfaitement envisager de modifier ces obligations de service en fonction des intérêts de tel ou tel groupe qui détiendrait la majorité au sein de la « communauté éducative ».

 

La liberté pédagogique sous contrôle du projet d’école

 

Article 48

« La liberté pédagogique de l'enseignant s'exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l'éducation nationale et dans le cadre du projet d'école ou d'établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d'inspection. »

 

Cet article modifie fondamentalement un des principes essentiels de la Fonction publique : l’indépendance du fonctionnaire à l’égard du pouvoir politique et des administrés ou des usagers des services publics.

 

Actuellement, pour les enseignants, cette indépendance se traduit par la reconnaissance de leur liberté pédagogique individuelle qui s’exerce dans le cadre de l’application, dans leur classe, des programmes scolaires nationaux.

Dans la loi de M Fillon, « la liberté pédagogique » devient l’obligation de se soumettre au projet d’école défini par la « communauté éducative ».

 

En cette année de centenaire du « Manifeste des instituteurs syndicalistes », il nous paraît donc utile de rappeler les principes édictés par nos aînés en novembre 1905:

« Notre enseignement n’est pas un enseignement d’autorité. Les rapports mathématiques, les règles de grammaire, non plus que les faits d’ordre scientifique, moral qui le constituent, ne sauraient dès lors être soumis aux fluctuations d’une majorité ; (…). Il découle de ces principes que le corps des instituteurs a besoin de toute son autonomie, et les instituteurs eux-mêmes de la plus large indépendance. ».

 

Pour FORCE OUVRIERE,, ces propos restent aujourd’hui totalement d’actualité. Notre enseignement et notre pédagogie ne doivent pas dépendre d’un quelconque « projet d’école élaboré avec les représentants de la communauté éducative ».

 

Les Programmes Personnalisés de Réussite Educative (PPRE) contre l’enseignement spécialisé

 

Article 16

« A tout moment de la scolarité obligatoire, lorsqu'il apparaît qu'un élève risque de ne pas maîtriser les connaissances et les compétences indispensables à la fin d'un cycle, le directeur d'école ou le chef d'établissement propose aux parents ou au responsable légal de l'élève de mettre conjointement en place un programme personnalisé de réussite éducative. »

Article 17

« Au terme de chaque année scolaire, à l'issue d'un dialogue et après avoir recueilli l'avis des parents ou du responsable légal de l'élève, le conseil des maîtres dans le premier degré ou le conseil de classe présidé par le chef d'établissement dans le second degré se prononce sur les conditions dans lesquelles se poursuit la scolarité de l'élève. S'il l'estime nécessaire, il propose la mise en place d'un dispositif de soutien, notamment dans le cadre d'un programme personnalisé de réussite éducative. »

 

Rapport annexé

« Le programme personnalisé de réussite éducative fera l'objet d'un document qui sera signé par les parents de l'élève, le directeur d'école ou le chef d'établissement, le maître ou le professeur principal de la classe (précisant) les dispositifs de soutien mis en œuvre pendant le temps scolaire ainsi que, le cas échéant, ceux qui seront proposés à la famille en dehors du temps scolaire ; il définira le programme individualisé qui devra permettre d'évaluer régulièrement la progression de l'élève ; les parents seront associés au suivi du programme.

 

Dans l'enseignement primaire, ce programme personnalisé sera mis en œuvre par les enseignants de l'école. Pour renforcer leur action, l'Inspecteur d'Académie mettra à disposition des enseignants ayant acquis une formation complémentaire des assistants d'éducation ainsi que, en tant que de besoin, des médecins et des psychologues scolaires : il pourra à cet effet utiliser les moyens des réseaux d'aide (RASED). »

 

Jusqu’à présent, nous avions obligation de signaler les élèves en difficulté auprès des commissions d’éducation spéciale et/ou du RASED.

Dorénavant, la loi transfère à chaque maître la responsabilité de faire face à toutes les situations, handicaps et difficultés permanentes ou passagères.

 

Le « programme personnalisé de réussite éducative », c’est l’arme absolue pour faire disparaître ce qui reste de l’enseignement spécialisé. « L’enseignant nouveau » sera à la fois enseignant, rééducateur, maître E, psychologue scolaire et, s’il intègre dans sa classe des enfants « mal entendants », « mal voyants », handicapés moteurs, autistes, atteint de troubles graves du comportement, il sera aussi maître A, B, C ou D…. En réalité, il devra se débrouiller avec l’aide éventuelle des RASED, dont la mission sera dévoyée : ils n’auront plus à prendre en charge des élèves en difficulté, ils seront transformés en « plate-forme » technique chargée de « conseiller » les enseignants sur la meilleure façon de gérer l’intégration. D'autre part, en signant un « PPRE » avec les parents, l'enseignant risque d'engager sa responsabilité individuelle.

 

Qui en tirera profit ? Ni l’élève handicapé ou en difficulté intégré dans une classe ordinaire, ni les autres élèves de la classe, ni les enseignants.

Pour des raisons d'économies budgétaires , il s'agit de sacrifier les droits aux soins et à l'enseignement spécialisée pour les élèves qui en ont besoin (pour mémoire, la prise en charge d'un enfant en établissement spécialisé est chiffrée en moyenne à 25 000 €. par an contre 7 000 €. en moyenne dans une école ordinaire).

 

Le dispositif « proposé à la famille en dehors du temps scolaire » est contenu dans la loi Borloo qui « visent à repérer et accompagner les enfants et les adolescents présentant des signes de fragilité et des retards scolaires » et met en place des « dispositifs de réussite éducative » pris en charge par diverses associations.

 

Quel devenir pour les directeurs d’école ?

 

Article 35

« Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions de recrutement, de formation et d'exercice des fonctions spécifiques des directeurs d'école maternelle et élémentaire.»

 

Que contiendra ce décret ? On peut avoir quelques inquiétudes lorsqu’on sait que, pour mettre en place les « Etablissements Publics d’Enseignement Primaire » prévu par l’article 86 de la loi du 13 août 2004, il ne manque que la publication d’un décret….

Un décret pour….créer un statut de chef d’établissement chargé de mettre en œuvre les décisions du Conseil d’administration représentant la « communauté éducative »

 

Le droit à la formation continue sur le temps de travail remis en cause

 

Article 48

 « Lorsqu'elle correspond à un projet personnel concourant à l'amélioration des enseignements et approuvé par le recteur, la formation continue des enseignants s'accomplit en priorité en dehors des obligations de service d'enseignement et peut donner lieu à une indemnisation dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat.(…)

« La formation continue des enseignants est prise en compte dans la gestion de leur carrière. »

 

Jusqu’à présent, nous avons le droit de bénéficier, sur l’ensemble de notre carrière, de 36 semaines de formation continue sur le temps de travail.

Avec la loi Fillon, le droit à la formation individuelle des collègues sur le temps de travail est remis en cause. La formation continue se limiterait à des stages d'école ou de circonscription, hors temps scolaire, dont le contenu viserait à « formater » les enseignants à la politique ministérielle, généralisant ainsi le principe de « l'accompagnement dans le métier » imposé aux titulaires première année depuis peu.

Par ailleurs, la prise en compte de la formation continue dans la gestion de la carrière s’inscrit dans la volonté des pouvoirs publics d’introduire, dans  le cadre de la réforme du statut de la fonction publique, le salaire au mérite.

 

Pour le SNUDI FO , cette loi doit être abrogée.

A toutes les mesures contenues dans la loi,

FORCE OUVRIERE oppose les revendications :

 

Ÿ Non au « projet d’école élaboré par la communauté éducative ». Oui aux programmes nationaux élaborés par discipline et par niveau.

 

Ÿ Non au  règlement intérieur propre à chaque école définissant les droits et les devoirs des personnels. Oui aux droits et garanties contenues dans le statut de la Fonction publique de l’Etat

 

Ÿ Non à la subordination de chaque enseignant au projet d’école. Oui à la liberté pédagogique individuelle.

 

Ÿ Non à l’intégration imposée. Oui au maintien et au développement de l’enseignement spécialisé, Oui au droit pour les élèves handicapés et en difficulté d'être pris en charge dans les structures de soins et de scolarisation adaptées par des personnels spécialisés.

 

Ÿ Non aux directeurs « chefs d’établissement » subordonnés à la communauté éducative, Oui au maintien d’un directeur par école.

 

Ÿ Non à la formation continue imposée. Oui à la formation continue individuelle et volontaire sur le temps de travail

 

Pour faire valoir vos droits,

Rejoignez Force Ouvrière !