Articles paru dans L’Ecole Syndicaliste n°339, Septembre 2004

 

Non aux établissements publics

d’enseignement primaire !

 

Non à l’expérimentation de l’éclatement

de l’école publique !

 

(Voir aussi le Communiqué du Bureau National du 25 août 2004)

 

 

Article 86 de la loi du 13 août 2004

 

Les établissements publics de coopération intercommunale ou plusieurs communes d’un commun accord, ou une commune, peuvent, après avis des conseils des écoles concernés et accord de l’autorité académique, mener, pour une durée maximum de cinq ans, une expérimentation tendant à créer des établissements publics d’enseignement primaire. Dans le respect des dispositions des articles L. 211-1 et L. 411-1 à L. 411-3 du Code de l’éducation, les statuts de ces établissements sont adoptés par délibération, après accord du représentant de l’Etat. Le conseil d’administration de l’établissement comprend des représentants des collectivités territoriales, des enseignants et des parents. Un décret en Conseil d’Etat détermine les règles d’organisation et de fonctionnement de cet établissement ainsi que les modalités d’évaluation des résultats de l’expérimentation.

 

Ce que va proposer le rapport Thélot pour réformer l’école

 

Nous publions ci-dessous des extraits de l’article publié dans l’édition du journal Le Monde du 25 août 2004.

Comme vous pourrez le constater, la commission Thélot n’y va pas avec le dos de la cuillère.

Ceci étant, à bien y regarder, ses propositions n’apportent rien de très nouveau.

Elles s’inscrivent dans une offensive engagée depuis de longues années par tous ceux qui entendent en finir avec le caractère national et laïque de l’école publique.

 

Pour le moment, il ne s’agit que de la première version d’un rapport qui doit être remis au Premier ministre à la mi-octobre.. Cela ne doit pas pour autant nous inciter à nous endormir, d’autant plus que l’article 86 de la loi relative aux responsabilités et libertés locales, en permettant l’expérimentation visant à créer des établissements publics d’enseignement , créé le cadre juridique de l’éclatement de l’école publique.

 

Aussi, fidèle à son mandat, le SnudiFO s’engage à informer largement sur ce qui se trame afin d’établir le rapport de force indispensable pour faire capoter ces projets.

 

Intitulé Vers la réussite de tous les élèves, ce document confidentiel de 151 pages, également révélé par Le Monde de l’éducation de septembre, doit nourrir la réflexion du gouvernement avant la réforme, prévue au printemps 2005, de la loi d’orientation sur l’éducation de juillet 1989. Plusieurs réunions de la commission présidée par Claude Thélot sont prévues d’ici le 12 octobre pour affiner le contenu du rapport. (...)

 

La scolarité obligatoire

 

Trois grandes catégories d’enseignement sont proposées aux élèves pour maîtriser les enseignements fondamentaux et trouver leur voie de réussite. La plus importante, obligatoire et dénommée le “socle commun de l’indispensable”, comprend la langue, les mathématiques, “l’éducation à la vie en commun”, l’anglais de communication internationale ainsi que la maîtrise des technologies de l’information. La seconde, elle aussi obligatoire, correspond aux disciplines jugées moins fondamentales comme les sciences, le travail manuel, l’ éducation physique et sportive, une deuxième langue vivante... La troisième porte sur des enseignements optionnels pour permettre la diversification des parcours. Selon son niveau scolaire, un élève pourra être appelé à passer l’essentiel de son temps sur l’apprentissage du socle ou n’y consacrer, par exemple, que la moitié de son temps, le reste étant consacré aux autres disciplines. (...)

La commission propose également de renforcer la politique de cycles d’apprentissage mis en place par la loi d’orientation de 1989 mais qui n’ont jamais été réellement appliqués. Elle suggère l’instauration de trois cycles pour la scolarité obligatoire : le cycle d’apprentissage (maternelle, CP, CE1), le cycle d’approfondissement (CE2, CM1, CM2, sixième) et le cycle de diversification (cinquième, quatrième, troisième). (...) Critiquant sévèrement les carences de l’orientation, la commission appelle à une “véritable révolution” dans les “modes de pensée” et les “pratiques”. Une “éducation aux choix” serait inscrite dans l’emploi du temps des élèves à hauteur de 50 à 70 heures annuelles au collège. (...)

 

Autonomie des établissements

 

La commission se prononce pour un renforcement de la “marge de manœuvre financière et pédagogique” des collèges et lycées. (...) Pour le primaire, la commission préconise de donner aux écoles le statut d’établissement. Contrairement à la situation actuelle, où tous les professeurs des écoles y compris les directeurs possèdent un statut équivalent, un chef d’établissement serait “recruté, formé et nommé” par l’autorité académique.

 

Redéfinition du métier d’enseignant

 

Le rapport propose une “nouvelle approche” de la profession enseignante afin de mieux prendre en compte “les missions autres que celle de l’enseignement”. Première conséquence : la définition du service des enseignants intégrerait les fonctions éducatives (soutien, temps consacrés aux différents conseils, etc.) et non plus seulement les tâches d’enseignement. Seconde conséquence, le temps de présence dans l’établissement serait accru de quatre à huit heures pour les professeurs de collège et de lycée (aujourd’hui 18 heures pour un professeur certifié). “Cette proposition, parce qu’elle bouleverse les habitudes, devrait être la règle pour les professeurs de lycée et collège nouvellement recrutés et simplement proposée au choix des autres.” Le recrutement et la formation des enseignants seraient également réformés. Au lieu d’être concentrée sur une seule année, la formation serait étalée sur deux ans après le concours. Après leur titularisation, les jeunes enseignants ne pourraient pas être nommés dans les établissements très difficiles, contrairement à la pratique actuelle.